Vivre, c’est apprendre

Vivre, c’est apprendre

J’espère avoir triomphé du préjugé selon lequel le Hatha Yoga est seulement physique et qu’il n’a rien à voir avec la vie spirituelle. On a assimilé la pratique d’āsana à une pratique physique. Le travail de toute ma vie a été de montrer que ce chemin, même avec des débuts très modestes, peut mener le pratiquant dévoué à l’intégration du corps, de l’esprit et de l’âme.iyengar

Concernant āsana, je me suis efforcé de dire que la posture doit être confortable et ferme. La fermeté ne vient qu’avec la fin de l’effort. Vous devez donc entr
aîner le corps de manière telle que ce qui semble complexe devienne simple. Dans mes āsana, je n’ai aucune tension nulle part car il y a longtemps que je ne fais plus d’efforts. Parce que mon effort a cessé, je peux offrir ma pratique comme une offrande à Dieu ; dans ma pratique, je Le rejoins dans l’infini.

Nous avons tort de penser que nous sommes tous engourdis et inertes. Si votre feu était éteint, vous ne seriez pas vivants. Le feu yogique (yogagni) existe à l’état latent ou originel chez tout le monde ; il a consumé ma vie. Mais rien n’est jamais accompli pour toujours. Si, par insouciance, arrogance ou relâchement de ma
pratique, je laissais des cendres froides recouvrir mon feu, celui-ci perdrait sa chaleur transformatrice. Je n’ai pas pris ma retraite et je ne le ferai jamais. Je garderai toujours brûlant le feu intérieur.

C’est la raison pour laquelle on ne peut jamais arrêter la pratique (sadhana). Bien sûr, je prends de l’âge et je régresse sur certains plans. Mais mon corps et mon esprit sont les serviteurs et les adeptes de l’âme. L’unité de ces trois aspects me donne le droit de me donner le nom de yogi. Cependant, même si je suis à un niveau spirituel, je ne dirai jamais que la pratique n’est pas nécessaire.

Je suis vieux, et inévitablement la mort approche. Mais la naissance, comme la mort se situent au-delà de la volonté humaine. Elles ne sont pas de mon ressort. Je n’y pense pas. Le yoga m’a appris à ne penser qu’à m’appliquer à vivre une vie utile. La complexité de la vie de l’esprit parvient à son terme avec la mort, avec toute sa tristesse et son bonheur. Si l’on est déjà libéré de cette complexité, la mort survient naturellement et sans heurt. Si vous vivez pleinement à chaque instant, comme le yoga l’enseigne, même si l’égo a été annihilé, je ne dirai pas : « Mourez avant de mourir. » je dirai plutôt : »Vivez avant de mourir, pour que la mort soit aussi une célébration pleine de vie. »

Hokusai, le grand maître de l’estampe japonaise, affirmait à 70 ans passés que s’il vivait encore 10 ans, il pourrait devenir un grand artiste. Je salue son humilité ; je voudrais terminer en citant les paroles du peintre espagnol Goya qui, dans sa 78ème année, alors qu’il était déjà sourd et affaibli, disait : « Aum apredo » – « j’apprends toujours ». Cela est vrai pour moi aussi ; je ne cesserai jamais d’apprendre, et j’ai essayé de partager quelques-unes de ces leçons avec vous. Je prie pour que ma fin soit votre commencement. Les grandes récompenses et les innombrables bénédictions d’une vie passée à suivre le Voyage intérieur vous attendent.

BKS. Iyengar

Extrait de « La voie de la paix intérieure » éd j’ai lu

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